Récit d’un mouvement social chez Bodet, dans le choletais

, par  UCL49

Chez Bodet Time & Sport, entreprise d’électronique de 150 salarié·es située à Trémentines, près de Cholet, les négociations annuelles obligatoires ont été marquées par un mouvement de grève.

Malgré les nombreux efforts demandés aux salarié·es pour faire face à la crise du covid, la direction de l’entreprise ne proposait que 1,2 % d’augmentation, et encore, d’augmentation individuelle, donc pas pour tout le monde, distribuée à la tête du client, basée sur le mérite, qui mettrait les salarié·es en concurrence et serait un moyen de pression sur elles et eux. Les syndicats SUD et CGT ont demandé de continuer les négociations, mais la direction y a mis un terme définitif : "Il n’y aura pas d’autre réunion, vous acceptez les 1,2%, ou on vous impose 0,9% d’augmentation individuelle".

Le chantage est clair, soit les syndicats signent un accord en acceptant de supprimer définitivement les augmentations générales, et un salarié au SMIC pourra être augmenté de 18€ brut, soit ils refusent d’accepter et un salarié au SMIC ne sera augmenté que de 14€ brut. Hors de question pour les salarié·es de se mettre en concurrence pour 4€ brut par mois ! Réuni·es en AG, une quarantaine de salarié·es vote la grève.

Le mardi 16 mars, une cinquantaine de grévistes répond à l’appel et reconduit la grève l’après-midi. Dans une entreprise peu habituée aux conflits sociaux, le travail reprend dès le lendemain, et malgré une belle journée de mobilisation, la direction refuse de tenir compte des revendications. Les syndicats SUD et CGT refusent donc de signer le projet d’accord. Cerise sur le gâteau, la direction de Bodet a dénoncé la médiatisation du conflit et a déclaré dans la presse avoir été « prise en otage », rien que ça …

Alors que la colère est déjà bien présente, la semaine suivante, les salarié·es de l’usine apprennent que leurs collègues du siège social bénéficieront d’une prime de 1800€ et d’une augmentation de 1,8% ! L’ambiance devient électrique dans l’usine. Sous pression, la direction annule une réunion du CSE le vendredi 26 mars, convoque tous les chefs de services, et finit par lâcher une prime de 200€. La réunion du CSE, qui aura finalement eu lieu le mardi 30 mars, sera marquée par la présence d’une trentaine de salarié·es qui s’y sont invité·es pour bousculer la direction. Une fois de plus la direction n’a que faire des attentes, le responsable des ressources (in)humaines leur répond mot à mot : "Gueuler dans un couloir moi aussi je sais le faire !" Sans commentaire, on en restera là !

Des évènements des dernières semaines, les travailleurs et travailleuses de la boite en ressortent uni·es, remonté·es contre la direction et renforcé·es par l’expérience de cette lutte, ce qui ne peut être que positif pour la suite. La direction sait à quoi s’en tenir pour les prochaines négociations d’intéressement en mai !

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